Détresse, précarité et solitude.
Sous les feux des projecteurs, il y a une décennie presque jour pour jour, grâce au coup de poing médiatique des Enfants de Don Quichotte et leurs tentes du canal Saint-Martin, le sort du peuple de la rue ne s'est depuis guère amélioré. Ils n'ont, en effet, jamais été aussi nombreux à plonger dans cette extrême précarité qui saute aux yeux et fait mal au cœur. Difficile d'établir un recensement précis. Les estimations évaluent à 7000 le nombre de personnes qui couchent dehors, à Paris intra-muros, contre environ 5000 il y a six ans. Pour tenter de répondre à cette croissance exponentielle, les associations de solidarité ouvrent de nouveaux foyers, à l'instar de ce centre d'hébergement d'urgence du XVIe arrondissement, très mal accueilli par les riverains mais qui a commencer à fonctionner fin 2016.
Près de 4 SDF sur 10 vivent dans des conditions plus précaires, dans des centres qu'ils doivent quitter tous les matins sans être assurés de retrouver une place le soir ou dans des hôtels. Et 10% sont sans-abri. Une proportion qui monte à 14% en région parisienne, en raison du nombre croissant de sans-domicile et de la pression immobilière. Parmi les 66.300 SDF francophones interrogés de manière plus approfondie par l'Insee, une grande majorité (86%) disent avoir vécu dans leur enfance au moins un événement douloureux lié à l'environnement familial (problème de santé grave, handicap, décès d'un parent). En outre, un quart d'entre eux ont été placés en famille d'accueil ou en foyer dans leur enfance.
Sans surprise, les sans-domicile disposent de ressources mensuelles très faibles:
80% ont moins de 900 euros par mois, et 30% n'atteignent pas 300 euros. Plus des trois quarts sont inactifs ou au chômage et, plus inattendu, 24% travaillent, mais occupent souvent des emplois à temps partiel, peu qualifiés et précaires.
Cette population, généralement mal connue, avait fait l'objet d'une première enquête en 2001: depuis, le nombre de SDF a augmenté de 44%, pour s'établir à 81.000 adultes, accompagnés de 31.000 enfants.
Le chiffre ne couvre pas toute la réalité des sans-domicile, certainement plus nombreux, si l'on inclut notamment ceux qui ne fréquentent aucun service d'hébergement ou de restauration, et ceux vivant dans des communes rurales ou de moins de 20.000 habitants.
Un mois de reportage à parcourir les rues de Paris afin de nouveau : SENSIBILISER, FAIRE PRENDRE CONSCIENCE, ALERTER, DÉNONCER, afin que dans un futur proche, ils soient moins nombreux.